L'accouchement serein de Dragyfly


                                                                                                                                             

      

         Avant de commencer j'aimerai préciser que mon témoignage n'est pas là pour s'ériger en modèle, ou faire culpabiliser les mères qui ont eut un accouchement difficile.
Je crois qu'avant tout j'ai envie de parler de la manière dont mon accouchement s'est passé pour contre balancer tous les témoignages à faire dresser les cheveux qu'on peut lire sur le net. J'ai connu des futures mères qui se sont retrouvées au summum de la terreur et du stress après être tombé sur des témoignages de boucherie (pas bien le stress quand on est enceinte).
Voilà, je suis là pour vous dire qu'un accouchement ne se passe pas fatalement mal.



Le mien n'était pas vraiment "nature". On peut même dire qu'il était en tout point de vue médicalisé.



         On m'a dit dès la première échographie que mon bébé était tout petit, qu'il était mal placé, que mon utérus avait une position atypique, que le col était trop bas et que bref, les risques de prématurités étaient à craindre. Sans pouvoir vous dire pourquoi, j'étais sereine. Je savais que j'avais un certain impact sur le déroulement de ma grossesse et de mon accouchement mais j'acceptais la part sur laquelle je n'avais pas d'emprise.

           Au bout de 7 mois le médecin m'a annoncé que je devrais être allongée au minimum la moitié de la journée parce que c'était critique et que je devait me préparer à l'arriver imminente du bébé.
Cinq jours après la date du terme on attendait toujours.

     J'avoue que je n'ai pas trouvé que la préparation chez la sage femme était passionnante. Ayant étudié dans le domaine médical et ayant eut 5 petits frères et soeurs je savais déjà m'occuper d'un bébé et je connaissais sur le bout des doigts le développement embryonnaire. J'avais déjà eut une formation (courte) sur les gestes d'urgence lors d'un accouchement. Je venais donc un peu blasée après quelques séances pour moi presque inutiles.
Erreur.
C'est donc dans cet état d'esprit totalement suffisant que j'ai passé la séance sur les exercices sur le ballon. Rien noté. Rien retenu. J'avoue que ça aurait pu me servir. Donc l'idée des fiches d'Alison c'est très bien.
Heureusement pour moi j'ai quand même retenu les exercices de respirations. La sage femme nous a parlé d'une première, à faire pendant les contractions. Et d'une seconde à faire pour pousser.

      C'est donc armée de ces deux techniques que je me suis présentée à l'hôpital, accompagnée de deux de mes soeurs et de ma mère (mon mari était en train de passer ses dernières épreuves de rattrapage).
Ma mère les avait bien préparées psychologiquement en leur disant que l'accouchement c'était l'anti-chambre de la mort et qu'elles devaient donc être sérieuses.
Je les ai accueilli, hilare, avec 3 vannes débiles à la seconde.

J'aurai pu les attendre avec un pétard, on aurai pas eut de meilleurs résultats.

       J'avais demandé un accouchement avec péridurale. Même si je comprenais les arguments qui parlaient d'un accouchement naturel je me disais que je verrai bien. Que personne n'attendait de moi que je joue la super-héroïne et que je serai à même de la refuser le moment venu si je me sentais de continuer sans.

      Comme on a dépassé le terme l'équipe décide de déclencher l'accouchement. Le col est raccourcit, ouvert à deux.
J'ai droit à un mini ballon placé au niveau du col pour le mettre sous tention. C'est le soir. Ils prévoyent l'accouchement le lendemain. On me précise que si c'est trop douloureux on me l'enlèvera pour me laisser dormir et être en forme pour le lendemain.
Effectivement les contractions m'empêchent de dormir, sans être insupportables. On retire donc tout.
Je dors, mes soeurs reviennent le matin.
Et c'est parti pour le gel d'ocytocine (je crois). Des petites contractions gentilles. Des vannes débiles. La journée qui passe, et l'après midi qui arrive.
Et là... mes enfants, j'ai déchanté. Couchée, avec le monitoring. Un jolie ballon mauve qui me nargue dans le coin de la pièce. Et contractions toutes les minutes.
 Pas des contractions de taré, hein, juste toute les minutes. Et là je me dit que je suis une mauviette. Qu'on en est qu'au début, que les contractions sont même pas au sommet de la douleur et que j'en peux déjà plus. J'essaye la respiration de la sage femme. Mon mari vient d'arriver. Et je lui lance un retentissant "Mais c'est tout pourri cette technique, ça fait RIEN!!!"
Le col est à 4, j'ai toujours mes contractions de tapette et on me propose de passer en salle d'accouchement et de faire la péridurale. Je me dis à ce moment que j'ai été présomptueuse en imaginant que j'aurais pu la refuser. On me vire le monitoring, je me lève pour marcher un peu et miracle!! Tout de suite ça va mieux.

        J'arrive dans la salle d'accouchement. J'ai un court moment de frustration de ne pas avoir "géré". On me pose la péridurale à 18 heures (pas de peur des piqûres, j'ai trouvé que c'était pas agréable mais pas affreux non plus) Et on m'explique que c'est moi qui dose. Que c'est pas la peine d'avoir peur d'avoir mal et d'en mettre trois tonnes, que c'est pas la peine d'attendre d'avoir hyper mal non plus.
Juste quand je sens que ça redeviens douloureux je rajoute une dose. En sachant que je dois pas être trop anesthésiée au moment de l'accouchement on viendra me l'enlever un peu avant.
Après ça on perce la poche des eaux et les vrai contractions commencent (je veux dire par "vrai" celles utiles et naturelles, avec un rythme normal).

     En quelque minutes, je ne sens tellement plus la douleur que je pourrai m'endormir. Et je béni l'inventeur de la péridurale, mentalement je lui baise les pieds. Le bouton de shoot dans la main je suis le maitre de mon destin. On vient régulièrement voir où j'en suis.
Vers 22 heures le col est à 8, je prends la décision de ne plus ajouter des doses d'anesthésique parce que je pense que l'accouchement ne va plus trop tarder. Vers 23 heures mon fils commence à pousser pour sortir et là, comment vous expliquer... visiblement c'est pas la bonne direction, ça fait un mal de chien, je gère plus du tout. J'ai l'impression qu'il est en train de me broyer de l'intérieur. A chaque contraction, au lieu d'essayer de me détendre pour le laisser passer je contracte tout ce que je peux contracter dans un effort dérisoire pour bloquer ses mouvements. Je souffle en fixant le monitoring en anticipant mentalement le moment où la vague va passer. Au moment où la contraction s'arrête j'éclate en sanglot. La suivante arrive, dans ma tête la seule chose que je pense c'est "Oh non, pas déja, pas déja."
Je demande si c'est normal que je sente les choses comme ça. La sage femme me dit que la péridurale supprime la douleur, mais pas les sensations.
A ouai, les sensations. Et avec les sensations douloureuses elle fait quoi la péridurale? Rien? Super.
C'est la demi-heure la plus pénible.
Mon fils arrête de vouloir à tout prix sortir n'importe comment, ça va mieux, beaucoup mieux. Sur le monitoring je vois bien que j'en suis au maximum, une contraction ENORME, dans les 10 secondes qui suivent je demande un sac pour vomir. La péridurale et encore bien active puisque cette contraction là je la sens à un niveau très supportable.
Vers 23h45 la sage femme me dit qu'on va commencer à pousser.
Elle me propose de me mettre sur le coté, m'expliquant que parfois ça rend les contractions plus efficaces.
J'essaye un peu, ça ne me convient pas, je préfère me remettre sur le dos.
Au bout de trois poussées j'ai un moment de découragement, je me dis que si il existe un moyen de le sortir sans moi qu'ils le fassent, qu'ils aillent le récupérer avec leur spatules ou que sais-je. La contraction recommence, je dis à la sage femme que je n'en peux plus. Elle me dit qu'elle sait que je suis fatiguée, mais qu'on a encore besoin de moi, que le bébé est pas loin. Je rassemble mes forces, je pousse une première fois, je pense très fort "ça va pas passer" . Je me sens comme un jean sur le point de craquer. Je pense à toutes ces explications sur le périnée, sur l'épisiotomie, que j'esperai éviter. Je repense à cette histoire de spatule, je vois défiler toute la vie de mon périnée devant mes yeux, tout ce que je ne lui ai pas dis, toutes ses qualités et ses défauts qui faisaient de lui un périnée si particulier.
Si je suis bien consciente que la péridurale n'est pas complètement parti on pourra pas dire non plus que c'est le meilleur moment de ma vie.

Une dernière contraction, une dernière poussée (ou deux) et mon fils nait.

Et là on recoud mon épisio. Et là j'ai un petit moment "what the fuck". Hein? Une épisio? Quand est ce qu'on m'a fait une épisio? Mon mari me dit qu'il a tout vu, qu'au moment où la sage femme a découpé j'avais l'air de douiller à mort, que j'ai crié très fort.
Ben oui, ça je m'en souviens, mais c'était pas l'épisiotomie qui faisait mal.
Donc 3 points de sutures.
Je regarde l'heure.
Il est 23h57


           J'ai eut 6 heures de contractions dont au moins 4 absolument indolores.
                                             10 minutes d'accouchement vrai.
                     Avec une péridurale qui a fonctionné, ni trop forte ni pas assez.
                      Et un bébé de 3kg800 (mais oui bien sur... une crevette, hein?)


       Quand on me demande comment c'est passé mon accouchement, je dis qu'il a été parfait, et facile parce que je le pense vraiment. 
Je ne pense pas qu'un accouchement médicalisé puisse se passer mieux.
J'étais présente, suffisamment peu shootée pour le vivre vraiment, sans que ça soit l'enfer.
Par contre je peux me permettre de le dire... :
     - parce que j'ai accouché et que je sais à quel point ça aurait pu être pire.
    - parce que je me souviens de cette troisième poussée où j'ai cru que j'y arriverai pas et que j'ai pensé à celle qui ont un accouchement plus long et plus difficile
    - parce que comme n'importe quelle nana qui accouche j'ai hurlé tout mon saoul (ne vous retenez pas, moi crier, ça faisait pas passer la douleur mais c'était quand même libérateur) Que j'entende un mec se permettre de dire qu'on en fait un plat de l'accouchement "la preuve, Dragyfly a eut un accouchement parfait sans douleur." ou donner des conseils sur la manière de gérer ça et je lui fait un fist fucking à sec avec des graviers pour lui apprendre à gérer la douleur.
   - parce que toute les femmes qui ont eut un accouchement serein pourront le dire je pense... : Sérenité relative. Ca veut pas dire qu'il n'y a pas de doute, de challenge. Et globalement, même si ça ne devient pas un souvenir traumatisant on peut toute dire que c'est la chose la plus difficile qu'on ai jamais fait.



                                         
                                           Ce que je retiens de cette expérience:


      Arriver en étant zen ça doit aider. Bien sur c'est facile à dire pour moi,je suis pas d'un naturel anxieux. Sinon vous pouvez toujours fumer de l'herbe avant d'accoucher (je rigole).
    La technique d'analgésie péridurale contrôlée par la patiente (ce que j'ai eut) peut vraiment être un plus si vous sentez que vous pouvez contrôler la tentation de sur-doser.

      Essayez et ré-essayez toutes les techniques que vous connaissez. La respiration ne m'a pas aidé à un moment et a été très efficace à un autre.
      Ma sage femme était vraiment géniale, elle a réussi à me remotiver dans les derniers moments.

       La péridurale a parfaitement fait son boulot, ce qui ne signifie PAS un accouchement sans douleur. Et j'en suis très contente, parce que je n'étais pas totalement shootée et incapable de pousser. Elle m'a permis d'être reposée et efficace au moment de l'accouchement proprement dit. Ce qui je pense à permis d'en faire un accouchement rapide (10 minutes de poussées).
    J'ai eut un accouchement tout ce qu'il y a de plus médicalisé: monitoring, déclenchement, péridurale, épisiotomie.
Mais tout de même j'ai constaté une certaine ouverture d'esprit et une attitude progressiste et humaine (ballon à disposition,accepte les positions autre que gynécologique,gestion de l'anesthésie...)

     J'étais à Toulouse,à l'hôpital Paule de Viguier. Après ça varie peut être d'une sage femme à l'autre. Mais j'en suis sorti avec une image positive de l'accouchement en hôpital.

   

  J'ai en faite un double message:

    Aux femmes qui redoutent leur propre accouchement: ça peut bien se passer. L'accouchement n'est pas fatalement "l'anti-chambre de la mort".
        Aux hommes, et aux moralisateurs(trices) qui ne sont pas passé par là:
N'ayant jamais vécu ça je vous assure que vous ne pouvez pas imaginer ce que c'est et la difficulté que ça représente. Ne vous permettez JAMAIS de juger une femme qui accouche. Je ne veux pas que des personnes se servent de mon témoignage pour expliquer à leur femme, belle-soeur, collègue qu'elles sont des chochotes ou qu'elles exagèrent, ou qu'elles gèrent mal. Rien n'est plus faux. On gère toujours au mieux et personne d'autre que nous peux savoir à combien s'estiment nos ressources.
J'ai le souvenir d'une anecdote que je trouve révoltante d'un mari qui expliquait à sa femme, en train d'accoucher, que ses hurlements étaient pénibles et qu'elle devait prendre un peu sur elle. La preuve sa soeur avait accouché sans émettre le moindre cri.
No comment.

Sur ces bonnes paroles, namasté.

                                                                                                                




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